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Fiche technique : fièvre Q

Fiche technique : Fièvre Q

La Coxiellose ou Fièvre Q (Q comme Query = Mystère) est une maladie transmissible à l’Homme, notamment par les ruminants d’élevage (ovins, caprins, bovins) qui sont « espèces réservoirs ». Les caprins sont les plus sensibles et les bovins les moins sensibles face à la maladie.
 Dernièrement, des études ont démontrées un grand nombre de contaminations d’éleveurs, de salariés et de vétérinaires,  et des épidémies tous les 2 à 5 ans par secteurs de production, au niveau national, alors une vigilance particulière s’impose. 

La fièvre Q  est particulièrement contagieuse car la bactérie Coxiella burnetii (cousine de la Légionelle), responsable de l’infection, est une bactérie très particulière qui a la capacité de sporuler dans l’air. Elle peut donc se disperser facilement sur plusieurs kilomètres autour des fermes infectées, sans forcément être détectée (jusqu’à 40 km environ en zone de pleine grâce au vent).


Elle est intracellulaire stricte et latente (opportuniste) mais peut se disséminer aussi en extérieur du corps par les sécrétions corporelles (fécès, sang, déchets placentaires, sécrétions vaginales, sperme).

Un nettoyage régulier des fèces au sol est indispensable (ne pas utiliser un jet d’eau trop fort, qui pourrait disséminer dans l’air des microgouttelettes contaminées), utiliser des protections (gants, bottes, surchausses, masque FFP3, combinaison…) dans la mesure du possible. 

Lors de mises-bas, il faut utiliser des équipements à usage unique et jeter les placentas dans un réceptacle spécifique.

Chez l’animal, la détection est difficile, et il est souvent trop tard car la plupart des symptômes visibles au sein du troupeau sont les avortements ou des nouveau-nés précoces et chétifs. Les foyers de contaminations sont principalement les placentas contaminés et avortons, les fèces, et toutes sécrétions corporelles, notamment génitales. Cette petite bactérie est difficilement détectable car intra-cellulaire et répartie dans le corps en micro-colonies, qui échappent souvent au système humanitaire habituel, car elle n’est pas détruite par la phagocytose des globules blancs (cette bactérie n’a d’ailleurs été détectée et  décrite, qu’à partir de 1935 suite à une épidémie humaine en Australie d’origine inconnue dans un abattoir). On estime que la bactérie, cachée dans les tissus, se réactive par période, parfois plusieurs années après la primo-contamination, ce qui peut en faire une maladie « chronique », ou du moins persistante, car sans traitements au bon moment, les infections peuvent se déclencher tout au long de la vie du moment que l’animal est primo-infecté, même en étant asymptomatique.  La maladie se déclenche principalement lors des périodes de gestation. La transmission se fait principalement par l’air et ne se fait normalement pas par le lait.

La vaccination est possible pour les caprins et bovins notamment.

Quels sont les symptômes chez l’homme ?

Chez l’Homme, les mêmes risques existent, les symptômes, lorsqu’il y en a, se traduisent par un état grippal avec forte fièvre. La période d’incubation est généralement de 15 jours à 6 semaines, mais peut être plus longue.
 
Environ 60% des personnes infectées sont asymptomatiques, ce qui rend cette maladie à la fois plus dangereuse et très méconnue car le suivi est difficile.
 
Les formes les plus graves sont des formes aigües qui constituent 1% des contaminations recensées, elles déclenchent des pneumopathies, des hépatites, des infections d’anévrisme, méningo-encéphalites et des endocardites ou myocardites (dont on estime une mortalité pouvant aller de 25% à 60% selon la condition physique de la personne, et le moment de la détection de l’infection). Les hommes présentent souvent des formes plus graves que les femmes (hors grossesse).
 
La maladie est sexuellement transmissible, même si les contaminations interhumaines restent rares.
 
Comme les symptômes ne sont pas spécifiques, si :

  • vous êtes en contact régulier avec des animaux d’élevage, même en activité secondaire ou de loisir
  • vous ouvrez votre ferme ou vous possédez une ferme pédagogique, 
  • vous participez à des foires agricoles,
  • vous visitez des fermes,
  • vous vivez dans un bassin d’élevage (jusqu’à 40 km en pleine), 
  • vous travaillez en abattoir ou êtes boucher, ou bien en centre de traitements des produits d’élevage, 

nous vous invitons à vous rapprocher de votre médecin généraliste et à en parler autour de vous.

Ces recommandations sont d’autant plus importantes si vous faites partie des personnes fragiles ou êtes enceinte.

Si vous pensez être possiblement infecté(e), ou avoir été infecté(e), un dépistage est possible et des traitements existent (recommandation HCSP).
 
Des traitements sont notamment recommandés par les équipes de l’IHU de Marseille, si vous souffrez d’une forme grave de la maladie ou que vous avez des sensibilités ou comorbidités (maladies cardiovasculaires, grossesses, cancers ou immunodépression générale).
 
Cependant la maladie une fois attrapée peut guérir,  mais souvent la bactérie est en dormance, seule une maîtrise immunitaire est possible avec les traitements, et un suivi régulier est recommandé sur plusieurs mois, voire des années pour arriver à l’éradiquer du corps.
 
La vaccination préventive n’est autorisée qu’en Australie, car homologuée en France, mais non utilisée en pratique car elle nécessite un long suivi sérologique auparavant pour être sûr que la bactérie n’est pas déjà installée en petite quantité et qu’il n’y pas de risque d’effets indésirables suite au vaccin. 
 
Donc une vigilance appuyée est conseillée sur le territoire, la France est très en retard sur le suivi de cette maladie et le dépistage automatique est très rare, donc si vous avez la preuve d’une contamination, que ce soit pour vous ou dans votre entourage, n’hésitez pas à le signaler. 
 
Une sollicitation des services de santés nationaux (santé publique France) est possible et recommandée pour faire remonter des chiffres concrets et pousser le plus possible l’étude d’urgence de cette maladie trop souvent méconnue en Métropole (en Guyane Française le suivi est meilleur car une souche plus virulente existe).
 

  • Pour découvrir plus en détail le système infectieux de cette bactérie, voici quelques vidéos sur youtube
  • une présentation de l’IHU de Marseille, et une vidéo explicative sur le mode de reproduction de C burnettii et une présentation d’un médecin chercheur en souches bactériennes de FQ présentant les dispositifs mis en place en Guyane.s

https://www.youtube.com/watch?v=BXxG2oQiat4https://www.youtube.com/watch?v=g5RaiPCq0bwhttps://www.youtube.com/watch?v=woceIlMu33I

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