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Adrien BLUA (24 ans), éleveur de vaches laitières sur la commune du Luc-en-Provence

(Interview : août 2019)

Fils de viticulteur, il a choisi de repartir de 0 pour créer une ferme laitière en agriculture biologique.

Son parcours

Adrien a grandi au milieu des vignes avec ses parents viticulteurs et sa sœur. Mais petit il préférait passer son temps avec le petit troupeau de vaches allaitantes (que son père a constitué en atelier secondaire). Très tôt son goût se porte vers l’élevage et les vaches plutôt que la viticulture, sans doute un héritage de ses grands-parents qui possédaient une ferme laitière dans les années cinquante à soixante-dix.

Adrien a décroché son Bac Pro CGEA  en 2014, au lycée agricole Les Emeyères à Gap dans les Hautes Alpes (05). Sitôt diplômé, Adrien entreprend de s’installer ! Il commence en tant qu’aide familial sur l’exploitation de ses parents, le temps de mûrir son projet, et en 2017, il s’installe en tant que chef d’exploitation en entreprise individuelle avec création ! Car il faut tout construire : les bâtiments, le troupeau, les ateliers de traite et de transformation…

Pendant son parcours au lycée, Adrien a suivi une vingtaine de semaines de stage sur des exploitations laitières, de quoi lui faire découvrir une diversité de systèmes et d’organisations du travail. De plus, il passait le plus clair de son temps sur la ferme école du lycée, avec les vaches.

Adrien a suivi plusieurs formations complémentaires pour mener à bien son projet, après un passage au CEPPP (Centres d’Élaboration des Plans de Professionnalisation Personnalisé), il suit le Stage Préparatoire à l’Installation, un module sur les normes et les bonnes pratiques d’hygiènes et un mois de stage sur une exploitation laitière qui produit des yaourts. En novembre 2018, Adrien suit une formation de 3 jours au centre fromager de Carmejane pour se former sur la production de yaourt.

Aujourd’hui, sur son exploitation : la ferme du Vallat Sableux, Adrien se lance dans la production de yaourts ! Il monte un troupeau de Montbéliarde.

« Actuellement j’ai 14 vaches en production mais je pense monter rapidement à 16 vaches. Le bâtiment a une capacité d’accueil de 20 logettes », la machine à traire dispose de 5 postes.

Son installation

Adrien n’a pas souhaité demander la DJA. Au départ, il n’avait pas l’ambition d’avoir un atelier de transformation, ni de se lancer dans l’agriculture biologique. Aussi, s’installant en zone de plaine, sans critère de modulation, il n’aurait pas pu solliciter plus de 11 000€. Et la création des bâtiments constituait un frein (il y a un délai de 9 mois pour l’obtention des moyens de production à partir de la validation de la demande de DJA). Finalement, Adrien n’a sollicité aucune aide.

Difficultés :

      1.  La création d’entreprise et du bâtiment
      2.  L’installation dans une filière peu représentée sur le territoire (mais c’est aussi une opportunité commerciale)
      3. La mairie a refusé 4 fois le permis de construire pour le bâtiment ! Il a fini par l’obtenir en décembre 2018.
      4. Obtenir les aides PCAE : il a galéré à faire le dossier, il a fini par payé la Chambre pour l’aider à monter le projet mais ça n’a pas fonctionné.

Taille de l’exploitation

La Ferme du Vallat Sableux compte 40 hectares de prairies fauchées en foin (ray-grass et luzerne) et 26 hectares de pâtures groupées autour de l’exploitation. La ferme compte également 2 bâtiments de 700m² chacun : un hangar pour entreposer le matériel et l’aliment et un bâtiment d’élevage (aire paillée, salle de traite et salles de transformation). Les vaches consomment entre 15 et 20 kg de foin de foin par jour  et sont complémentées avec un concentré de blé, orge, maïs et tourteau. Pour pailler son bâtiment, Adrien passe une botte de 120 kg en une semaine et demie.

Adrien possède 26 ha en propriété (donation de ses parents), il a racheté en plus 14 ha en 2014 et loue des terres pour la fauche du foin.

Adrien possède également un atelier secondaire de vaches allaitantes composé de 30 mères. Mais l’activité principale de la ferme est la production de yaourts ! Entre mai et octobre elles passent la belle saison à l’estive dans les Hautes Alpes, près de Briançon.

En complément, Adrien vend aussi un peu de foin à des particuliers (propriétaires de chevaux) et à des centres équestres.

La production sur son exploitation

Adrien propose actuellement des yaourts nature et des yaourts aromatisés aux parfums fraise, citron, vanille. La gamme se diversifiera par la suite.

Actuellement les 14 laitières ont une production moyenne de 20 litres par jour. « Moi je ne cherche pas à pousser mes vaches ». 340L de lait sont vendus à la laiterie Marseillaise et 350L de lait sont vendus en bouteille en vente directe ou à des magasins de producteurs. À une moyenne de 8 yaourts par litre, je produis actuellement 3800 yaourts par semaine.

 

Pourquoi la Montbéliarde ?

C’est une vache mixte qui présente des qualités bouchères intéressante tout en restant l’une des trois races laitières les plus productives de France. C’est une vache de grand format, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Et surtout, il y a une valeur sentimentale : « mes grands-parents avaient des Montbéliardes ».

Santé :

« J’ai l’avantage d’avoir un bon véto à proximité [au Cannet]». Jeune et dynamique, il connaît les spécificités de la rurale et peut intervenir sur des inséminations, des problèmes de reproduction ou de vêlage, l’écornage, etc. Adrien fait de l’homéopathie et essaie pas à pas d’apprendre à utiliser les huiles essentielles pour soigner ses vaches.

Pourquoi produire du yaourt ?

Être éleveur laitier et produire du lait pour vendre à une coopérative, c’est impossible dans le Var aujourd’hui. Adrien avait contacté une Coopérative en Isère pour leur proposer de leur vendre son lait, mais compte tenu de la distance, la Coopérative a refusé de venir le collecter pour un si petit volume. Adrien a finalement été tenté de se lancer dans la transformation de son lait, c’est mieux valorisé et c’est aussi plus valorisant : le contact avec la clientèle, connaître la destination de sa production, aller jusqu’au bout de la chaine…

Perspectives d’évolution

Il aimerait embaucher 1 ETP en plus pour l’aider et développer sa gamme de produits (beurre, crème fraîche, faisselle, …)

A terme, et selon l’évolution de son projet, Adrien constituera peut-être un point de vente sur sa ferme.

Quand on lui demande, pourquoi s’installer paysan, Adrien répond :

« Depuis la 6ème je sais que c’est les vaches et le lait. Je ne sais pas pourquoi. […] Au début je pense que c’était un peu un hommage à ma grand-mère. » Quelques stages, une formation professionnelle. Et c’est parti. Il est mordu. « Quand je suis avec mes vaches je suis bien ». Le matin, il met la musique et c’est parti pour la traite. Il est dans son élément. « Oui, il y a beaucoup de papier, il y a l’astreinte. Tous les jours, 2 fois par jour, 365 jours par an. Mais on aime ce métier pour la relation aux animaux. Il y a le lien de la traite. Et malgré l’astreinte, ce n’est pas toujours pareil, ça varie d’un jour à l’autre. Moi je n’aime pas les vignes, je voulais être éleveur de vaches laitières. Je veux bosser mais il faut que ça me plaise. »

Un conseil pour un jeune qui s’installe ?

« Accroche-toi ça va secouer. Mais ne te décourage pas ! ».

Tout le monde va te dire « ce n’est pas le pays pour faire des vaches laitières ».

« C’est tous les jours, c’est trop d’astreinte ». Mais quand tu as envie de faire ce travail, tu le sais et ça ne te décourage pas. « Mon père ne me croyais pas quand je disais que je voulais faire des vaches laitières ». Quand je lui ai dit que je voulais aller étudier à Gap il m’a dit OK mais à deux conditions : Tu as ton Bac et derrière, tu t’installes éleveur laitier ! Pari tenu !

Aussi, faire des formations ! Faire des stages, se faire un maximum d’expérience avant de s’installer. Réfléchis bien et fonce !

Moi si c’était à refaire, j’essaierai de me faire plus d’expérience. J’ai bien appris le métier : la théorie avec les cours et la pratique avec les stages. Mais j’apprends encore beaucoup sur le tas. J’aurais bien aimé passer du temps sur des fermes dans de grandes régions d’élevage comme le jura.